“Quand j’étais petite, je me souviens que j’étais déjà fascinée par les objets. J’allais fouiller dans les placards de la cuisine, les étagères du salon, les cartons dans la cave d’où je ramenais mon petit butin. Je les choisissais consciencieusement suivant leur couleur, leur forme, leur matière. Un tuteur en plastique vert, un emballage en polystyrène , une passoire en plastique d’un beau rouge orangé, un dépliant de mobilier design: c’était le point de départ d’après-midi entières à me créer un univers imaginaire dont ces objets, dont la fonction première m’était souvent inconnue, étaient les éléments principaux, se transformant tantôt en éléments d’architectures futuristes, tantôt en armes de défense ou bien encore en accessoires d’un de mes nombreux déguisements . C’est cette multitude de possibilités qui rendaient ces objets si précieux: contrairement aux jouets tradition- nels dont l’histoire était déjà trop imposée, ces objets que je volais dans les placards de mes parents pouvaient avoir mille vies. Il suffisait juste que mon imaginaire et ma naiveté d’enfant les libère de leur utilisation traditionnelle.”
Pendant son cursus à l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Jane Antoniotti a toujours favorisé la transdisciplinarité. Si son travail s’articule principalement autour de la notion de sculpture, elle utilise également la programmation, l’installation, la photographie ou bien encore l’édition.
C’est autour de l’objet du quotidien qu’elle développe sa réflexion. Un quotidien qu’on pourrait presque qualifier de ménager, issu de son intérieur, dans lequel elle pioche allègrement matériaux et inspirations. Fortement imprégnée de la culture Do It Yourself prônant la liberté des savoirs, Jane Antoniotti injecte dans sa pratique de l’art contem- porain le savoir-faire glané aux artisans et l’ingéniosité du bricoleur sous couvert d’une esthétique léchée et minutieuse. C’est toujours de façon ludique et non sans un certain humour, par des gestes simples de détournement et de reproduction, qu’elle tente d’amener une certaine poésie dans ce quotidien qu’elle juge parfois trop pesant, un quotidien ordinaire dont elle cherche sans relâche à sublimer la fragilité.